Une
charte de 1286 nous dit que c'est la rue du marché où l'on vend les draps,
les linges, sarets de Fontenai… Elle prit donc le nom de rue des Merciers
et au XVIIème siècle celui de rue des Drapiers. Les marchandises disposées
dans ses magasins jouissaient du droit de franchise. Puis, elle devint
la Grande rue des Merciers, mots qui furent gravés dans la pierre en 1815
et que nous pouvons encore lire.
Les arcades qui subsistent nous donnent une idée de ce qu'était cette
rue où se tenait aussi le marché aux comestibles. Il est curieux d'étudier
les modifications qu'elle a subies, côté pair où la majorité des arcades
a disparu au cours du XVIIIème siècle : maisons à colombage et pignons
sur rue, arcades de conception différente, façades reprises avec décoration
Renaissance.
Marchands de bleds au cours du XXème siècle, la rue a été amputée de
deux maisons. Un côté pair pour l'élargissement des rues de la Ferté et
de la Grille. Mentionnons la maison habitée par Jean Guiton (n°3) et celle
à personnages (n°5).
Cette dernière est remarquable par la profusion de sa décoration : au
claveau de l'arcade, une gerbe de blé, au-dessus, une bande avec quatre
personnages où celui de droite tient une faucille avec laquelle il a coupé
une poignée d'épis, aux fenêtres du 1er étage, les angles sont illustrés
de figurines en méplats, les ouvertures du 2ème étage reposent sur des
consoles représentant d'avantageux bustes de femmes que nous retrouvons
plus haut sous l'attique.
Tout ceci ne laisse-t-il pas supposer que c'est là l'habitation d'un
de ces marchands de bleds nombreux aussi dans la rue Bletterie toute proche
?.
En face (n°8), nous pouvons voir une très belle maison Renaissance aux
fines sculptures et aux magnifiques lucarnes, mais que les ans n'ont point
épargnées. A cet endroit nous pouvons voir aussi, par l'enchevêtrement
des arcades les problèmes qui se sont posés pour la modification de l'alignement
de la rue. Plus loin (n°26), une pierre curieuse marque la propriété de
l'immeuble par un signe distinctif, cette marque est devenue l'enseigne
d'une auberge dont l'entrée était rue de La Rochelle. Elle représente
un mouton surmonté de trois besants avec, en exergue : " Dieu exauce
les humbles ".
Dans la petite rue, nous pouvons retrouver traces de cette auberge. Toutefois,
la raison de la présence de telles pierres sculptées n'a jamais été bien
expliquée, sauf pour les auberges ou les métiers.
Les Rochelais peuvent voir encore bien d'autres détails qui les enchantent
dans cette rue des Merciers, qui garde encore de nos jours l'histoire
de la mercerie d'antan.
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